Alertée par les allégations de médecins vétérinaires qui, dans l’exercice de leur profession se disent victimes de morsures avec lésions cutanées (contusion ou perforation) causées par des chiens ou des chats, la FAFVAC¹ a décidé de réaliser un vaste sondage sur le sujet auprès de onze pays membres de la francophonie vétérinaire (tableau 1). Or, il appert à la lumière des résultats obtenus que cette problématique est effectivement bien présente et qu’elle mérite qu’on s’y intéresse.

Constats

Selon les résultats de notre sondage, en 2018 et 2019, environ un vétérinaire sur trois aurait été victime, lors de consultations, d’au moins une morsure canine. Des chiffres très similaires pour la France, le Québec, la Suisse et dans une certaine mesure pour la Belgique (tableau 2).

Au cours de cette même période, approximativement un médecin vétérinaire sur cinq fut dans l’obligation de s’adresser à un médecin pour recevoir des soins après ces morsures.  À noter, le pourcentage plus élevé de médecins vétérinaires français et belge qui ont dû consulter par rapport à ceux du Québec ou de la Suisse (tableau 3).

Parmi tous les médecins vétérinaires qui ont été mordus, 13 % ont été dans l’obligation de procéder à un arrêt de travail. En France, la médiane du nombre de jours de pause indiqué était de cinq jours. Le nombre de réponses des autres pays fut insuffisant pour obtenir des chiffres significatifs (tableau 4).

Le sondage a aussi révélé quels étaient les endroits du corps de ces professionnels de la santé animale, les plus susceptibles d’être mordus par un chien. Sur les 855 cas de morsures déclarés par les vétérinaires, sans surprise, les résultats démontrent que les mains et les doigts sont les principales cibles avec 67,5 % des cas (tableau 5).

Par ailleurs, parmi les médecins vétérinaires qui ont répondu aux questionnaires, les deux tiers ont indiqué avoir été mordus par un chat au moins une fois en 2018 et 2019. À noter qu’en France et en Belgique, on parle davantage de trois vétérinaires sur quatre qui ont été victimes de morsures et au Québec de la moitié des répondants (tableau 6).

En ce qui concerne les consultations médicales, environ un vétérinaire sur cinq, mordu par un chat, a été dans l’obligation d’avoir recours à un médecin (tableau 7).

Parmi tous les professionnels qui ont été mordus, en France, 7 % ont été contraints de procéder à un arrêt de travail avec une médiane de 9 jours d’interruption. Le nombre de réponses des autres pays fut insuffisant pour avoir des chiffres significatifs concernant le nombre de jours d'arrêt (tableau 8).

Pour ce qui est des endroits du corps les plus susceptibles d’être mordus par un chat, parmi les 1 810 cas de morsures soulignés, ce sont les mains et les doigts qui ont le plus souffert, et ce, dans 73 % des cas (tableau 5).

Conclusion

Compte tenu du grand nombre de chats et de chiens que les médecins vétérinaires sont amenés à manipuler dans l’exercice de leur profession, ce sondage démontre clairement que ceux-ci risquent un jour ou l’autre d’être victimes d’une ou plusieurs morsures. Les blessures causées par ces attaques, au-delà de la douleur et de la frayeur qu’elles apportent, peuvent avoir des séquelles dramatiques tant physique que psychologique. En plus de mettre en péril la santé des vétérinaires, elles peuvent ruiner la relation de confiance avec l’animal patient et le propriétaire client. 

Il ressort également de ces résultats que s’il faut se méfier de la gravité des morsures provoquées par les chiens, il ne faut pas négliger celles occasionnées par les chats qui sont plus fréquentes et non moins conséquentes. 

Recommandations

La FAFVAC recommande donc à toutes ses associations membres d’élaborer des programmes de sensibilisation à la prévention des morsures dont sont victimes les vétérinaires dans l’exercice de leur profession ainsi que les membres de leur personnel médical. 

Une telle campagne d’information ne saurait être complète et efficace sans une volonté d’instruire également les propriétaires de chats et de chiens à l’importance de respecter les règles de sécurité mises en place.  L’objectif ultime est d’assurer la protection du personnel soignant, mais aussi des propriétaires eux-mêmes qui peuvent être malencontreusement l’objet de morsures que ce soit en salle de consultation ou en salle d’attente. 

Tout cela en priorisant la sécurité, le confort et le bien-être des animaux qui sont sous notre responsabilité à tous. 

Michel Pepin DMV, président

Fédération des associations vétérinaires francophones 

de vétérinaires pour animaux de compagnie

TABLEAU 1

 Nations et vétérinaires participants

TABLEAU 2

Total de vétérinaires victimes

de morsures de chiens en 2018 et 2019

TABLEAU 3

 Total de vétérinaires qui ont consulté au moins une fois

 un médecin après une morsure de chiens en 2018 et 2019

TABLEAU 4

 Pourcentage de vétérinaires mordus par un chien

 qui ont été obligés de s’absenter du travail

TABLEAU 5

 Régions du corps touchées par les morsures

 chez les vétérinaires

TABLEAU 6

Total de vétérinaires victimes de morsures 

de chats en 2018 et 2019

TABLEAU 7

 Total de vétérinaires qui ont consulté au moins une fois 

un médecin après une morsure de chats en 2018 et 2019

TABLEAU 8

Pourcentage de vétérinaires mordus par un chat 

qui ont été obligés de s’absenter du travail

¹ La Fédération des associations vétérinaires francophones pour animaux de compagnie fondée en 2006 regroupe la Belgique, leGabon, la France, le Mali, le Maroc, le Québec, la Suisse et la Tunisie. Les objectifs sont d’harmoniser les activités entre lesassociations, faciliter la diffusion de l’information scientifique et promouvoir des projets communs concernant le bien-être animal et leconcept Une seule santé. Pour en connaitre davantage : www.fafvac.org.

² Sondage réalisé avec Survey Monkey de décembre 2019 à janvier 2020 auprès de 846 médecins vétérinaires en pratique des petits animaux dans les nations suivantes : Algérie (2), Belgique (54), France (456), Gabon (16), Haïti (1), Mali (12), Maroc (28), Québec (250), Sénégal (1), Suisse (26) et Tunisie (5). Le questionnaire portait sur le cas de morsures causées par des chats ou des chiens, lors de consultations survenues en 2018 et 2019.